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jueves, 20 de septiembre de 2018

LE SOLITAIRE

Une fontaine, une source de montagne, quelqu’un a mis une feuille pour faire un rustique robinet et l’eau chante sur les cailloux. La nuit, j’aime venir ici, boire quelques gorgées, entendre la chanson de la fontaine, m’asseoir et laisser mes pensées flâner dans ma tête. Je sens tous les parfums de la forêt, une masse obscure un peu plus en bas, sur la gauche, aussi les parfums des prairies qui montent vers les cimes, je vois parfois des lumières dans le fond de la vallée, des randonneurs qui ne trouvent pas le refuge ou qui vont vivaquer à la proximité du torrent. Autour de moi il y a le silence de tous les animaux, seulement les insectes nocturnes accompagnent la magnifique symphonie de l’eau et du vent. J’aime cette quiétude, je l’aimais avant, du plus profond de ma mémoire j’aimais être seul en la montagne, je l’aimais et je l’aime.
Et comme ça, là où je vivais, la journée avait été éreintante, des hélicoptéristes passaient tout le temps, je n’avais pas pu dormir une minute. La nuit je suis allé me reposer a la source qui me plaisait comme d’habitude, mais il y avait quelque chose incompréhensible dans l’ambiance, je sentait bien que des habitants du village plus proche et des visiteurs avaient marché par ces chemins et avaient laissé des empreintes un peu partout, mais le silence, l’eau et le vent finiraient, comme toujours, pour effacer leur passage.
Une brûlure à l’épaule, j’ai reçu une brûlure à l’épaule et je les ai vu s’approcher, j’ai essayé de courir, de m’en fuir, mais je suis tombé dans le noir. Après, des voix, des lumières dans mes pupilles, envies de vomir, mouvements incontrôlables, j’ai vomi, une cage, une autre cage, bruits de moteurs, de différents moteurs, une dernière secousse et... je me suis trouvé ici, dans une autre montagne, dans une montagne que n’est pas la mienne, et avec ce collier qu’ils m’ont mis, je sais que je dois le rompre, parce que les ennemis me l’ont mis pour savoir où je suis, pour savoir si je m’accouple ou non avec les femelles qui sont par la montagne, mais je ne veux pas qu’on m’observe quand j’aime, ça me semble de la pornographie, et ils peuvent être des voyeurs ces ennemis, je suis un solitaire, un simple ours solitaire.
Faites moi la paix, j’aime le silence de la nuit et la musique des insectes, de l’eau et du vent.     

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